Les festivités océaniques sont ouvertes pour le groupe de Figaristes, qui s’est entraîné tout l’hiver avec Lorient Grand Large. Neuf doubles mixtes, soit 18 co-skippers se sont élancés à travers l’Atlantique dans le cadre de la Transat Paprec. Ce banc test, grandeur grand large pour celles et ceux composant la moitié de la flotte engagée sur la route des Antilles, débute de la plus belle manière. Pour ne pas dire en beauté pour quelques duos solidement installés aux avant-postes à l’aube de la deuxième semaine de course…
Doubler le Cap Finisterre en tête et jouer des coudes avec les meilleurs experts du Figaro Beneteau 3, un support où le diable se niche pourtant dans les détails… Pari tenu ? « Honnêtement, on ne pouvait pas rêver mieux ! » Ça, c’est Laure Galley, skipper de DMG MORI Academy qui le confie alors qu’elle bataille dans le haut d’un classement, dont les premières lignes - monotypie oblige - valent très cher.
« On se dit qu’on a bien bossé cet hiver et qu’on a fait les bons choix… Ça fait vraiment plaisir, c’est chouette ! », poursuit cette jeune trentenaire qui carbure à l’envie de performer. Aux côtés de Kévin Bloch, qui l’a d’ailleurs entraînée l’année dernière, Laure, après avoir déjà marqué les esprits sur la Solo Guy Cotten en mars dernier, brille encore sur ce début de transat.
Deux duos au top en début de transat
« C’est une navigatrice ultra méthodique, ultra bosseuse qui sait bien s’entourer de personnes un peu comme elle ; comme Kévin, qui est aussi très talentueux », souligne Erwan Le Draoulec, qui a animé des stages sur l’eau en approche du début de saison. « On a démarré le 20 janvier, il faisait vraiment frais », se souvient celui qui mesure que ces premières sorties en double en valaient la chandelle dans les frimas de l’hiver. Que les efforts ne sont pas vains pour pour ne pas se laisser impressionner par l’envergure d’une telle échéance océanique, quand on se jette dans le grand bain d’une toute première transat à armes égales. Que l'assiduité sur l’eau, qu’il vente ou neige, est le prix à payer pour mériter de pointer aux premières loges, comme l’illustre également le duo formé par Davy Beaudart et Julie Simon à bord d’Hello Work, résolument dans le match de cette Transat Paprec.
« À Lorient, ce qui constitue une force, mais qui n’est pas toujours facile à gérer, c’est que le groupe est très hétérogène, avec de grandes différences de niveaux et d’objectifs, entre envie de performer et celle de progresser. Il faut donc concilier tout ça. Au cœur de l’hiver, on a d’abord commencé par des manœuvres sur des petits parcours, en évitant les belles voiles. On a, par exemple, travaillé les empannages, comme ceux que les équipages enclenchent le long du Portugal dans les alizés soutenus », commente Erwan Le Draoulec, qui a suivi les objectifs fixés par Tanguy Leglatin, coordinateur de l’ensemble de l’offre de formation proposée par Lorient Grand Large.
En passe de rejoindre le circuit des trimarans Ocean Fifty, Erwan a lui aussi fait ses gammes avec ce dernier, réputé animer un solide groupe en Mini 6.50 ; avec des skippers qui voguent ensuite vers d’autres circuits : Figaro, Class40, et IMOCA.
« La météo, ce n’est pas de la photo, mais du cinéma »
« Ce début de transat illustre le bel élan qui se met en place à Lorient », souligne de son côté Dominic Vittet, routeur météorologue. « On voit aujourd’hui qu’il y a des Ministes qui basculent naturellement en Figaro autour de Tanguy », observe celui qui collabore avec la structure depuis ses origines. « L'offre de Lorient Grand Large se consolide aujourd’hui autour d’une bonne qualité d’entraînement initiée depuis plusieurs années. Et la dernière Solitaire remportée par Tom Dolan en témoigne : un pôle a besoin de vainqueurs et de leaders pour nourrir une bonne dynamique collective ».
En charge du « roadbook » de la transat proposé aux pensionnaires lorientais, Dominic Vittet a d’abord décrypté, sur un plan théorique et académique, les particularités du parcours Concarneau-Saint-Barth, via La Palma, aux Canaries. Il a répertorié les effets de sites à négocier, à l’image du passage délicat du cap Finisterre.
Dans cette logique, il a aussi animé une série de briefings précédant le top départ, le dimanche 20 avril. « Au fil de la semaine, je leur ai donné les clés de lecture du scénario. J’aime bien l’idée que la météo, ce n’est pas de la photo, mais du cinéma. On ne peut pas analyser une image si on ne sait pas ce qui s’est passé avant. Tout l’enjeu est de comprendre comment une situation évolue », justifie celui qui se réjouit de voir que le groupe progresse dans le bon tempo d’une flotte compacte, avec « des Figaristes lorientais, qui ont trouvé les manettes, tricotent bien et rivalisent avec les meilleurs ».
La route est encore longue, avec d’abord un passage à La Palma aux Canaries, estimé autour du dimanche 27 avril, après une semaine de course. Il sera alors temps d’entamer la grande traversée avec de potentielles grandes options. La voie du Nord ou l’autoroute du Sud ? Telle risque d’être la sempiternelle question. Mais ce qui est pris n’est plus à prendre sur la route jalonnée de choix stratégiques et ponctuée de décisions tactiques pour rejoindre Saint-Barth, au terme d’une transat qui ne fait que (très bien) commencer….