Mini Transat - Etape 1 : Le bilan


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La première étape de la 24e édition de la Boulangère Mini Transat (1 350 milles entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma) n’a pas manqué de rebondissements. Déjà partis avec 24 heures de retard sur la date de départ initiale, les 90 marins engagés ont encore dû prendre leur mal en patience une fois en mer, afin de connaître le dénouement de cette première manche. La faute à des conditions particulièrement légères en ce début d’automne, où il aura fallu choisir la bonne option pour tenter de marquer des points avant la grande étape, cruciale. Retour sur les performances de nos skippers lorientais.

PROTO : Belle victoire pour Carlos Manera Pascual (1081 - Xucla) !

Alors que la victoire en Proto semblait promise à Victor Mathieu (967 – Celeris Informatique), qui a mené la flotte toute la seconde partie de la course, les cartes ont été redistribuées aux abords de l’île de La Palma, à cause d’une bulle sans vent. Après 9 jours 19 heures 40 minutes et 38 secondes de course, c’est finalement Carlos Manera Pascual (1081 - Xucla) qui s’impose, avec seulement 9 minutes et 31 secondes d’avance sur son rival. « Je suis vraiment, vraiment très heureux ! s’est exclamé l’Espagnol à l’arrivée. Ça a été une première étape marquée par le petit temps. Mon bateau n’a pas été pensé pour ce type de conditions, mais il est toutefois très polyvalent et il l’a prouvé. La grande leçon de cette première étape, comme souvent en course au large, c’est que tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout peut arriver. Il ne faut jamais baisser les bras mais, à l’inverse, s’accrocher et toujours croire en ses chances jusqu’au bout ! ». 

 

Une belle victoire, qui couronne une première étape particulièrement challengeante pour celui qui s’est installé à Lorient en début d’année : « Cette 1re étape a été complète, avec presque toutes les allures : de la pétole au vent très fort… Pour ma part, j’ai vécu quelques heures vraiment très dures au large du Portugal. Je suis resté planté dans la dorsale pendant 10 ou 12 heures et j’ai vu Federico Waksman (1019 – Repremar – Shipping Agency Uruguay), avec qui je bataillais alors pour la première place, filer et me coller cinq milles. Il y a ensuite eu trois jours vraiment sympas dans les alizés. [...] J’ai tapé un OFNI (objet flottant non-identifié), et j’ai légèrement fissuré un safran mais je n’ai rien cassé à bord. J’ai vraiment eu de belles sensations et j’ai bien pu pousser la machine. J’ai pu voir ce qu’elle avait dans le ventre et j’ai vu qu’elle avait vraiment un gros potentiel. Cela me donne davantage confiance pour la suite de la course. » La route est encore longue jusqu’aux Antilles, mais Carlos, qui avait terminé 32e au général en bateaux de série il y a deux ans, fait ainsi le plein de confiance avant de s’élancer vers l’Ouest.

 

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© © Clément Gerbaud / QAPTUR
  
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© © VINCENT OLIVAUD

Non loin derrière, deux autres belles performances lorientaises avec Laure Galley (1048 - DMG MORI Sailing Academy 2) et Marie Gendron (1050 - Léa Nature), qui franchissaient la ligne en 4e et 5e positions.  « La course n’a pas été évidente, soulignait Laure à l’arrivée. Au début, il fallait changer de voile tout le temps, il y avait beaucoup de variations de rythme, il fallait vraiment être présente. En termes de stratégie, jusqu’au cap Saint-Vincent, c’était bien défini. On avait bien travaillé en amont avec les routeurs. Après, je savais que les alizés allaient rentrer, qu’il fallait attendre le vent. Quant à la fin de la course, c’était énorme ! Les deux derniers jours au portant, c’était super, mais l’arrivée dans la pétole, on ne s’y attendait vraiment pas. On entendait à la BLU : « il va y avoir baston, faites attention, il y aura des grains, ça va canaliser entre les îles. » Au final, on arrive ce matin et il n’y a pas de vent. Et zéro nœud, quand on ne s’y attend pas, ce n’est pas facile. Heureusement, ça n’a pas duré très longtemps pour moi : je suis tombée dans la molle à trois heures du matin et j’ai passé la ligne à neuf heures. Six heures de molle, ce n’est pas très long. L’année dernière, avant les Açores, ça avait duré plutôt cinquante heures, alors ça m’a paru plutôt court. Et puis je n’ai eu aucun souci avec le bateau. [...] Il y a une demi-journée de travail et le bateau est prêt à repartir. Moi, non, mais le bateau, oui ! »

 

Du côté de Marie, les objectifs sont atteints : « J’ai fait un départ conservateur sur la ligne, je n’avais pas envie de m’embrocher sur un bateau. [...] Après, je suis remontée petit à petit, j’ai pris mes options. On n’a pas compris le groupe qui partait à l’ouest, on entendait à la BLU que ça allait être dans l’anticyclone, qu’il ne fallait pas y aller. Alors dans notre groupe, on s’est dit « direction Lisbonne, et cap au sud, le plus possible », mais ce n’était pas la bonne option. Heureusement, on a pu rattraper un peu notre retard. La cinquième place, c’est bien. Je me disais : si je fais un podium, c’est super. Top 5, c’est bien. [...] Il y a certains favoris qu’on pensait au rendez-vous sur cette étape, et ils n’y sont pas, et ça, c’est intéressant pour la suite. »

 

SÉRIE : De belles bagarres  

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© © Clément Gerbaud / QAPTUR

Pas de podium mais une très belle étape tout de même pour nos Lorientais de la catégorie Série, dans le peloton de tête jusqu’au sud de l’Espagne, mais finalement peu récompensés par leur option plus proche des côtés. Luca Rosetti (998 - race=care), premier du groupe qui s’est préparé à La Base, termine ainsi 8e après 10 jours 12 heures 58 minutes et 5 secondes de mer. « Mon début de course s’est très bien passé, analysait l’Italien une fois arrivé au ponton. Mon idée, après le cap Finisterre, était de gagner le Sud pour attraper au plus vite les alizés. On savait qu’avec le front et la dorsale, ils ne seraient pas très stables, mais j’ai continué au sud malgré tout… mais ce n’était pas la bonne option. À ce moment-là, la météo était vraiment compliquée or c’était l’instant où il fallait faire un choix crucial ! Je n’ai pas bien compris la situation météorologique. J’ai peut-être manqué de concentration, je ne sais pas. Toujours est-il que la réalité nous est tombée dessus un peu violemment via la BLU. On a compris, lors de la vacation, que toutes les personnes qui étaient allées à l’Est avaient perdu beaucoup de milles par rapport aux autres. C’est vrai qu’il y a de larges écarts sur cette première étape, mais on sait que c’est seulement la première partie de la course et que la route est encore longue, avec plus de 2 700 milles à parcourir. C’est bien car ça laisse des chances de se refaire. J’ai beaucoup de raisons d’être content de ma course malgré tout et de ce fait, je ne suis pas trop déçu à l’arrivée. [...] J’ai continué à croire en mes chances jusqu’à deux-trois jours avant l’arrivée. En étant à l’est, on attendait des vents d’est sud-est. Malheureusement, ils ne sont jamais arrivés. [...] Au final, c’est une place dans le Top 10 mais c’est aussi et surtout plus de douze heures de retard sur le premier. C’est beaucoup, mais on a déjà vu que les écarts pouvaient se faire et se défaire très vite sur Les Sables - Les Açores - Les Sables l’année dernière. Je suis content de ma course. » Avec 15 heures de retard sur le vainqueur de l’étape, rien n’est encore joué et tout reste en effet à faire sur la grande traversée !

 

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© © Clément Gerbaud / QAPTUR

Même son de cloche chez le Suisse Félix Oberle (1028 – Mingulay), 12e à Santa Cruz de La Palma, qui aura vécu une course assez similaire à celle de son voisin de pontons :  « C’était cool ! J’avais quelques soucis de vitesse au début mais mes premières options ont assez bien marché. J’ai plutôt bien réussi le passage du DST du cap Finisterre (qu’il passe en 2e position, ndlr). Avec Luca (Rosetti), on a pu s’échapper. Je n’avais pas compris que certains étaient partis à l’Ouest. Quand on a entendu les classements, deux jours après, ça a été un peu dur... [...] Arriver ici, à La Palma, avec le bateau, c’est vraiment chouette ! [...] J’ai vraiment bien aimé être en mer. J'avais trouvé un peu dur de passer dix jours tout seul lors des Sables - Les Açores - Les Sables l’an dernier mais là, je me suis vraiment senti à l’aise, surtout dans les alizés. Ça m’a donné un bel avant-goût de la deuxième étape. [...] Il y a eu une belle bagarre avec Luca. Il va vraiment vite ! La nuit, j’arrivais à le rattraper mais la journée, non. Si un jour je fais du double avec lui, je sais comment on organisera les quarts ! (Rires) »

 

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© © VINCENT OLIVAUD

Djemila Tassin (992 – Antistene), 13e Série, qui prend part à sa deuxième Mini Transat, s’est elle aussi laissée piéger mais est tout de même parvenue à bien de son expérience : « J’ai tout donné ! J’étais dans le bon paquet tout le début, après tout s’est joué sur des options météo. Avec les informations qu’on a à bord, c’est tout ce qu’on peut faire, c’est comme ça. Je ne m’en veux pas. On s’est tous fait avoir dans le groupe de devant, c’est comme ça, terminé. Après, je pense qu’on est bien remontés pour récupérer notre place. Au niveau sportif, les 24h d’écart avec les premiers vont être difficiles à récupérer, mais niveau expérience, moi, j’ai trop kiffé ! [...] Les Pogo 3 nous ont démontés (rires) et c’est une bonne leçon pour les Maxi. C’est sûr qu’après avoir déjà fait la Mini Transat en Pogo 2, je ne pouvais pas me plaindre ! C’était royal. Le scow, c’est un truc de génie, j’ai vraiment profité ! [...] Au niveau du classement, c’était un peu la surprise, mais c’est comme ça la Mini Transat. [...] Le niveau de la flotte est super haut. En série, il y a un sacré niveau. Alors plus on se bat, meilleurs on est ! »

 

Rendez-vous le 28 octobre pour le départ de la seconde étape, direction Saint François en Guadeloupe !

 

LE CLASSEMENT DES LORIENTAIS : 

PROTO 

1er : 1080 - Carlos MANERA PASCUAL (XUCLA)
4e : 1048 - Laure GALLEY (DMG MORI SAILING ACADEMY 2)
5e : 1050 - Marie GENDRON (LEA NATURE)
9e : 1019 - Federico WAKSMAN (REPREMAR SHIPPING AGENCY URUGUAY)
11e : 865 - Gaby BUCAU (MAXIMUM)
12e : 787 - Hubert MARECHAL (OSONS ICI ET MAINTENANT)
13e : 198 - Diego HERVELLA (OAN INTERNATIONAL - CFRTM)
17e : 630 - Romain VAN ENIS (JAMES CAIRD)
20e : 1067 - Caroline BOULE (NICOMATIC)
26e : 719 - Piers COPHAM (VOILE DES ANGES)
ABD : 1046 - Federico SAMPEI (DMG MORI SAILING ACADEMY 1)  

SÉRIE

8e : 998 - Luca ROSETTI (RACE=CARE)
12e : 1028 - Felix OBERLE (MINGULAY)
13e : 992 - Djemila TASSIN (ANSTISTENE)
14e : 1038 - Adrien SIMON (FAUN)
20e : 868 - Gaëtan FALC’HUN (PHILOU)
21e : 886 - Lucas DE COURREGES (STINKFOOT AND THE 77)
23e : 1033 - Hugues DE PREMARE (TECHNIP ENERGIES - INTERNATIONAL PAINT)
24e : 1051 - Yaël POUPON (BIHANNIC ALLENTIS)
27e : 1053 - Sasha LANIECE (DAGARD)
31e : 1031 - Victoire MARTINET (CHILOWE)
33e : 1005 - Lilian MERCIER (LEUCEMIE ESPOIR ATLANTIQUE FAMILLE)
36e : 914 - Antoine DEVALLAVIEILLE (PETIT TONNERRE)
37e : 951 - Mathilde DE LA GICLAIS (SLEEP DISEASES - BASTIDE MEDICAL)
47e : 848 - Xavier CONDROYER (ELYPSO NITBY PETITFILS)
52e : 973 - Arthur PETRUCCI (DUVERGT FBI LES PETITS DOUDOU DU SCORFF)
55e : 989 - Alexandra LUCAS (REGION ILE DE FRANCE)
56e : 1022 - Hermine LE MINTIER (VITAMINE)
57e : 871 - Martin OUDET (VAINCRE LE MELANOME)
59e : 599 - Olivier LE GOFF (LE DON DU SANG)