Les 17 marins qui ont préparé leur tour du monde à Lorient La Base ont tous quitté leur port d’attache pour se rendre aux Sables-d’Olonne, en Vendée. Depuis quatre ans, Lorient, capitale de la Sailing Valley, est le choix stratégique de ces skippers pour bénéficier d'infrastructures, de matériel, et d'un savoir-faire unique.
Comment gèrent-ils trois semaines de préparation loin de leur base, et comment abordent-ils cette course, l’aboutissement de tant d’années de travail ? Nous sommes allés les rencontrer dans l’effervescence du Village aux Sables-d’Olonne pour obtenir leurs impressions.
La logistique de la préparation à distance
Avec trois semaines de Village, au lieu de 10 jours habituellement, les skippers doivent gérer une logistique complexe, loin de leurs installations. Pour certains, cette organisation nomade représente un défi supplémentaire, pour d’autres, elle fait partie intégrante de leur préparation à l’Everest des mers.
Paul Meilhat (Biotherm) : « C’est toujours compliqué de travailler loin de la maison, mais notre équipe est très mobile. Depuis trois ans, nous avons construit notre projet autour de cette idée de mobilité, surtout pour The Ocean Race. Nous avons deux containers de 40 pieds : un bureau et un atelier, et deux containers de stockage. Pour le Vendée Globe, nous avons emporté notre atelier, ce qui est pratique pour l’équipe technique qui se sent presque “chez elle”, même si c’est toujours moins confortable qu’à Lorient. »
Yoann Richomme (Paprec Arkea) ajoute : « On a envoyé un container atelier bien équipé, pour que le travail sur le bateau puisse se faire dans les meilleures conditions possibles. Nous avons aussi prévu des rotations dans l’équipe pour que chacun puisse souffler et éviter la fatigue accumulée. Pour ma part, je vais prendre une semaine de pause au milieu du Village pour revoir ma famille et faire mes dernières valises. »
Sam Goodchild (Vulnerable) : « Nous sommes deux bateaux et une équipe de 30 personnes. Trois semaines, c’est assez long, et on ne peut pas demander à toute l’équipe de rester aussi longtemps aux Sables. Heureusement qu’on connaît la date de départ depuis longtemps et qu’on a pu anticiper. » (Rires)
L’état d'esprit des marins à l’approche du départ
À 16 jours de prendre la mer, les émotions sont partagées entre excitation, pression et certaine sérénité. Lorsque les uns sont impatients de retrouver la solitude du large, d’autres ressentent la fatigue accumulée sur plusieurs mois d’une intense préparation.
Paul Meilhat : « Je me sens bien, même si nous avons pas mal galéré ces derniers mois pour installer les nouveaux foils. On est un peu fatigué parce que tout le monde a beaucoup donné, mais il y a aussi un soulagement, car tout se passe bien. Je préfère arriver ici un peu fatigué mais en ayant tout coché, plutôt qu’avec le stress de devoir encore gérer des imprévus. »
Sam Goodchild (Bizuth) : « Pour l’instant, je me sens assez serein. Je suis bien entouré, avec des gens expérimentés dans leurs rôles. J’ai hâte de prendre une semaine tranquille chez moi pour me reposer un peu. Plus on se rapproche du départ, plus la pression risque de monter. »
De son côté, Conrad Colman (MS AMLIN) : « En arrivant ici, j’ai pu me conditionner, me dire ‘ça y est, je suis un skipper, et je peux prioriser mon temps pour ça’. Cette semaine a été intense en engagements avec les sponsors et les médias, mais ça fait partie du jeu. »
Yoann Richomme (Paprec Arkea) : « Je me sens bien, on a bien fait le tour du bateau et on va terminer cette première semaine par une navigation afin de régler encore quelques petits détails techniques. On a fait un travail bien complet : les sacs sont chargés, la nourriture est prête, il n’y a pas d’inquiétudes particulières, on est assez sereins pour la suite. »
Les objectifs de la course
Les objectifs varient selon l’expérience et les ambitions de chaque skipper. Pour certains, c’est avant tout un challenge d’achever le parcours, tandis que d’autres visent une performance de haut niveau.
Sam Goodchild : « Mes objectifs sont simples : boucler le tour et passer la ligne d’arrivée. Comme je suis compétiteur, j’aimerais bien finir devant quelques-uns, mais je me garde de me fixer un objectif de performance trop ambitieux pour un premier Vendée. Il faut que je me méfie du ‘piège’ de vouloir pousser le bateau sous prétexte de rester dans le groupe de ceux qui vont le plus vite ou qui semblent plus à l'aise pour une raison ou une autre. C’est une option qui pourrait me coûter très cher, donc j’essaie de trouver le bon équilibre. »
Yoann Richomme (Bizuth) : « Grâce à mes résultats, je suis probablement considéré comme l'un des favoris du Vendée Globe. C'est une petite pression, mais surtout une grande motivation de savoir que j’ai les moyens de me battre aux avant-postes. Le statut de bizuth ne me fait donc pas peur. Je n’ai pas l’impression d’avoir un déficit de connaissances qui serait irrémédiable. Et d’ailleurs les résultats des bizuths sur le Vendée Globe, que ce soit François Gabart, Vincent Riou ou Michel Desjoyeaux, prouve qu’on peut réussir à gagner dès sa première participation ! »
Conrad Colman : « On a vraiment bichonné le bateau, on l’a renforcé et on a tout optimisé. C’est un vieux bateau avec un ‘jeune esprit’. Grâce à ce travail, je pars confiant, en sachant que je pourrai tirer sur la machine tout en veillant à gérer ma propre énergie. »
Nous avons hâte de suivre leur aventure de près ! Venez rencontrer vos skippers favoris au Village du Vendée Globe et, surtout, assistez au grand départ le dimanche 10 novembre !